jeudi 17 avril 2014

le contenu de la conférence : l'école et les rythmes de l'enfant

Plus de soixante personnes ont assisté à cette conférence dont des représentants des associations de parents d’élèves (COYE écoles organisateur de l’évènement, APEIC) et des représentants de la Mairie.

Accueil par la présidente COYE écoles (Mme Martinez) et Cécile Malet.
qui remercient Madame Leconte de sa disponibilité et de son investissement.


I-LA LEGITIMITE DE MME LECONTE est très bien exposée sur son site : 
En Bref :  Depuis plus de 30 ans, elle participe activement à la construction de projets éducatifs innovants, avec les équipes pédagogiques et en partenariat avec les associations partenaires de l’école, ainsi qu’avec les collectivités et les parents d’élèves. Elle est Professeur Emérite de Psychologie de l’Éducation, spécialisée sur les temps de l’enfant. 
Elle a observé pas moins de 12OO enfants pendant 3 ans, dans les sites expérimentaux et témoins répartis sur les départements du Nord, du Calvados, des Hautes Pyrénées, de la Manche et de l’Orne. Elle  a réussi à monter des projets pédagogiques  qui sont maintenant en action depuis 17 ans 
II-SES SOLUTIONS A L’ECOLE (POUR RESPECTER LES RYTHMES DE L’ENFANT)
Elle observe qu’il faut un regard global sur l’enfant.

  1. 1. « il faut réduire l’été : au lieu de partir plus tard pour les vacances il vaudrait mieux revenir plus tôt à l’école (réduire les vacances d’été) et remettre plus de temps pour les vacances de noël : une semaine en plus
  2. 2. Il faut réviser le 3eme trimestre et enlever l’effet néfaste des ponts de mai : mettre une semaine de 8 jours de vacances au lieu des ponts serait plus utile (entre 2 ponts). Les ruptures dérèglent les enfants ! C’est un rêve qu’elle porte depuis longtemps !
  3. 3. Une étude chez l’écolier a été faite et plusieurs rapports publiés : On constate dans les cantines scolaires, par tonométrique : 85 décibels de bruits de fond : niveau sonore égal à une locomotive (sans compter l’ajout de bruit des couverts qui tombent et les cris des enfants… le rythme cardiaque est sollicité, les enfants ont subi un stress et ne sont plus en état de vigilance physiologique, ils sont dans l’état d’émotion. Ensuite on les envoie en « récré » il passe alors à l’hyper-excitation, ils sont alors parfois agressifs, ils ne se défoulent pas, ils sont hyper-excité…ce temps de restauration est dans le creux méridien, le milieu du rythme circadien c’est à dire que ce creux est physiologique. baisse de cortisol, baisse de toutes horloges… même si on ne mange pas, on a ce creux. Il faut aménager le temps de restauration le moins stressant possible (réduire les effets des bruits) et aménager le post-restauration en particulier pour les maternelles : sieste immédiate après le repas ce qui est le meilleur pour eux. S’ils jouent avant, ils dormiront mal et après ne seront pas réveillés naturellement de leur sieste.
  4. 4. il faut tenir compte des différences inter-individuelles : des gros, moyens et petits dormeurs. il faudrait s’adapter. On ne peut obliger un petit dormeur à dormir plus. Donc il faut réorganiser les dortoirs selon le type de dormeurs.
  5. 5. Ceux qui n’ont pas de sieste doivent avoir un temps de détente, de rêvasserie… éviter la suractivité après la cantine ! On peut organiser un temps de lecture, de dessin… d’écoute de comptines…
  6. 6. Ce n’est qu’après le temps calme ou la sieste que l’on  peut leur proposer d’aller en récréation quand ils sont détendus et s’ils le veulent. Tous ne le veulent pas, certains veulent plus de temps calme. 
  7. 7. il faut aménager la cour de récréation : pas forcément des jeux chers, juste des espaces repérables - espace marelle, espace jeu d’échec grandeur nature… espaces délimités au sol. Ensuite, il faut former les animateurs pour qu’ils fassent jouer collectivement les enfants correctement. On observe alors moins de cris, moins de bagarres, moins de violences…c’est valable pour tous les temps de récréation. On pense que la récréation dés-énerve les enfants, eh bien non ! Ils seront encore plus énervés. il faut aller en récréation quand on est détendu. Il faut calmer l’enfant avant qu’il aille en récré si on observe qu’il est énervé (2-3 mn avec lui/ex).
  8. 8. En classe : Elle nous parle aussi de ces enfants qui ont l’habitude de sautiller, bouger sans cesse sur leur chaise et nous agacent…un enfant qui fait cela, est dans un comportement automatique, il vient en appui de sa concentration sur la tâche qu’il réalise. il ne sait pas qu’il est en train de bouger, cela l’aide en fait. Si on lui dit « arrête de bouger » c’est pire il ne se concentre plus sur sa tâche principale mais sur « je ne dois pas bouger »….
  9. 9. L’arrivée à l’écoles : elle expérimente le fait de ne pas les laisser traîner le matin à l’arrivée dans la cour : on fait rentrer les enfants suivant leur arrivée et on les prend en charge directement, l’enseignant l’accueille et l’enfant fait ce qu’il a à faire « feuille cantine à compléter », dessin… finalement détendu sans s’énerver… cela génère des classes plus calmes et plus disponibles pour démarrer le travail ensuite
  10. 10. le matin est un moment de grande disponibilité si on a une bonne régularité de veille sommeil : la plupart des apprentissages doivent donc se faire le matin. On parle de la  « clarté mentale de la matinée ». il faut donc  faire le matin ce qui demande le plus d’attention : les maths, le français. Cela ne veut pas dire qu’il faut mettre toutes les autres activités l’après midi ! On apprend à lire, écrire et compter mais pas seulement en maths et français. Donc 4H de cours le matin c’est bien et moins l’après midi ! Si on a une matinée supplémentaire et qu’on allonge la matinée (4h testé par elle) on peut améliorer les apprentissages des enfants. Alterner par exemple la  musique avec les arts plastiques le matin… On alterne avec les diverses matières.. et cela maintient la disponibilité des enfants sans fatigue. On travaille mieux sur le lien entre ces diverses matières. ex lien sport et maths, musique et sport…. les enfants y trouvent du sens. Elle teste cela depuis 17 ans
Elle expérimente en école le processus suivant : 5 matins de 4H d’apprentissages et  4 après-midi de 2h d’autres activités après une pause méridienne assez longue (12:30-14:30). Fin de Journée à 16:30. Horaires du matin : 8:30 12:30 mais on varie les activités dans ce temps global. Pas de transitions, régularité de la journée. Et par exemple grâce à ces temps plus longs, on peut  aller au musée … Pour la demi journée il faudrait privilégier le samedi matin qui permet d’avoir une coupure moins longue et plus vivable pour les rythmes de l’enfant. 
Elle cite : Le psychologue Paul Fraisse pour intéresser le plus les enfants disait qu’il faut  éviter d’émietter les temps. Il faut une durée suffisante pour prendre plaisir à s’investir. Pour lui, il faut penser aux temps hors scolaire pour  permettre à l’enfant d’explorer des activités vers lesquelles il n’irait pas forcément pour qu’il puisse trouver du potentiel.
Elle privilégie les activités d’au moins 1h30 ou 2H qui permettent de faire des activités plus enrichissantes et plus abouties. Elle ajoute que cela permet de partager les mêmes animateurs sur plusieurs écoles…leur offrant ainsi des contrats plus gérables et donnant des animateurs plus impliqués et restant plus longtemps.

  1. 11. Il faut aménager en maternelle des zones de détente avec matelas. Et Laisser les enfants y aller à selon leurs besoins (pour un usage détente uniquement). Une zone lecture, détente peut aussi être envisagée pour les enfants de primaire n’aimant pas toujours aller en récréation…

Si on veut une vraie réforme et non une reproduction de schémas organisés depuis 1834, on doit prendre les temps de l’enfant dans leur globalité.

Une telle réforme qui se veut être pour un mieux être de l’enfant et une meilleure réussite est dépendante de la qualité de vie professionnelle à tous les encadrants : donc donner une qualité de vie aux enseignants, animateurs…il ne faut pas précariser les emplois d’animateurs

III-CE QUI EXPLIQUE ET JUSTIFIE LES SOLUTIONS PROPOSEES

A-LES RYTHMES SCOLAIRES : son analyse

Terminologie à éliminer selon elle : 
-le terme « rythme scolaire » : « c’est un non sens scientifique d’associer ces 2 mots »
le rythme est un «  événement se reproduisant à l’identique en fonction d’une certaine périodicité ».
Quels sont les événements se reproduisant à l’identique à l’école ?  Il est là pour apprendre, évoluer grandir, tout ce que l’on fait chaque jour ne se répète pas à l’identique. D’où le non sens. On voit un jour une chose et ensuite on ajoute une autre chose…
Elle observe, qu’il n’y a qu’en France qu’on travaille sur la notion de rythmes scolaires, pas à l’étranger, selon elle.

Elle nous a ensuite expliqué les différentes expériences scientifiques qui ont amené à valider l’existence d’une horloge du vivant : les êtres vivants ont leur propre rythme. Que ce soit des plantes, des adultes, des enfants…sans forcément un rapport avec l’arrivée du jour, de la nuit…(ex : même privée de lumière, une fleur s’ouvre se ferme etc…) 

Les enfants ont donc des rythmes biologiques. 
On se demande depuis 1962: « quelles pratiques pédagogiques mettre en œuvre pour mieux respecter les besoins des enfants par rapport à leur rythme naturel ? ». divers rapports ont été produits au gré des années et des ministères (cf Sitographie).

De nombreux rapports préconisent de réorganiser les emplois du temps scolaire pour respecter les rythmes biologiques des enfants. Attention, nous dit Mme Leconte, « le décret d’aujourd’hui ne s’intéresse qu’à l’Emploi Du Temps scolaire et pas le rythme de l’enfant dans sa globalité ».
Ce qui la dérange énormément. L’école n’est qu’une toute petite partie des temps de l’enfant.

Zoom sur les temps de l’enfant (sur un an)
Le temps est de 864h annuel + obligation scolaire = 36 semaines dont 24H/ semaine
Cela semble énorme dit comme cela. On retire 72h de récréation, on reste à moins de 800 h, c’est moins de 10% du temps de vie de l’enfant
Au total scolaire et hors scolaire cela représente : 8 760h par enfant et par an
Qui s’intéresse au 90% restant ? pense-t’on qu’il n’y a qu’à l’école que l’enfant est éduqué et apprend ? Voici les questions qu’elle souhaite mettre en relief.
Elle parle donc d’un aménagement des temps de l’enfant plus général que celui de l’école et insiste sur la nécessité de remettre à plat tous les temps : scolaire et autres
Dans certains territoires, les enfants sont plus longtemps en collectivité qu’en classe : périscolaire, cantine, centre loisirs mercredi… = + de 1000h et ces temps apporte quelque chose au développement de l’enfant.
Pour elle, il faut plus de cohérence entre ces divers temps, avec une continuité éducative. Si l’enfant a des temps morcelés,  il ne se développera pas bien.

Dans le décret actuel, on reparle encore de 3h le matin et 3h l’après midi + cantine 1:30 à 2H voilà ce qu’elle observe un peu partout…
Question : de quelle période date ce découpage ? Cela date d’un conseil royal de 1834 faisant suite aux lois Guizot. à l’époque 5 jours d’école dont le samedi. A l’époque, cela se justifiait car les enfants faisaient de la route pour arriver à l’école et repartir. Cette organisation n’a plus de sens depuis longtemps.

Pour elle, il n’y a pas d’équivalence entre le matin et l’après midi pour le rythme biologique de l’enfant !

B-QUELQUES POINTS LIES AUX RYTHMES BIOLOGIQUES

Les rythmes biologiques sont génétiquement programmés. Chacun a ses rythmes propres, différents du voisin, on parle de différences inter-individuelles qui apparaissent dès la 1ère année de l’enfant.
C’est apprendre qu’un organisme ne peut faire n'importe quoi n'importe quand.

Nous avons eu tout un passage technique mais très clairement expliqué sur les différentes horloges biologiques que nous possédons, la suite ne donnera que les points à retenir. (Si vous êtes intéressé contactez Florence Saint-Germier à bessonstgermier@gmail.com pour l’obtenir)

Respecter les rythmes biologiques des enfants, c’est quoi ? 
C’est respecter la synchronisation des horloges biologiques entre elles quand ces horloges ont la même périodicité. C’est à dire lorsque la durée d’un événement et sa réapparition se fait  à l’identique de T à T+1.

Principes à retenir sur les rythmes biologiques liés à ces horloges :

  1. 1. Si le soir la température ne baisse pas et que votre enfant semble avoir froid : le + souvent, nous les adultes ressentons ce frisson mais on continue ce qu’on est en train de faire, alors qu’on aurait du prendre acte du moment d’endormissement. Si on le passe, difficile de se mettre en bon sommeil. 
Lorsqu'un enfant dit qu’il a froid le soir c’est souvent le signe qu’il est prêt à aller au lit pour un sommeil réparateur. Une fois ce moment identifié, l’enfant peut se préparer une demi-heure avant le couchage. Si ce moment a bien été identifié et respecté, le lendemain matin, le réveil sera spontané (non provoqué par l’alarme de votre réveil).
  1. 2. Si la journée est bonne, le  sommeil sera bon ; si  votre journée est stressante le sommeil sera moins bon.
  2. 3. chez les petites filles la puberté arrive aujourd’hui très tôt. les petites filles doivent comprendre que leurs changements physiques sont aussi plus profonds…plus tôt l’enfant se connait, plus ça ira bien
  3. 4. de novembre à  mars notre organisme est plus fragile, plus faible au niveau immunitaire, moins réactif. Les jours donnent de faibles luminosités, les jours sont plus courts. chez certaines personnes,  on observe une dépression saisonnière (du au manque de luminosité : plus fréquent chez les enfants et adolescents). On met cela sur l’effet-hiver, le trimestre 2 le plus dur pour lequel on dit c’est le plus important pour ton orientation (=trimestre le plus fatiguant où on leur demande de faire plus d’efforts). 
  4. 5. La qualité du sommeil est dépendante de la pression de sommeil exercé dans la journée. C’est cette bonne fatigue qui nous permet un sommeil de qualité. idem pour les enfants. Trop fatigué on dort mal, pas fatigué on dort mal aussi. Donc, il faut aménager la journée pour avoir une bonne fatigue. Le manque de sommeil a des répercussions sur beaucoup de chose (cf les réponses aux questions après la conférence)
  5. 6. le soir pour provoquer le sommeil il faut être dans l’obscurité : éviter donc les écrans, tablettes, jeux vidéo, TV… ces flux renvoient des flux lumineux dans les rétines, et donc on active une partie du cerveau qui maintient en vigilance. (exemple les ados qui n’arrivent pas à dormir avant 1h du matin, en raison des ordinateurs, TV….on ne perçoit plus le sentiment de fatigue ! et les jeux vidéo motivent, stimulent trop…). Exemple : Mettez l’enfant devant un problème  de maths et l’endormissement sera plus rapide !
  6. 7. Attention aussi au téléphone portable allumé sous les oreillers. Une étude américaine a comparé des ados pendant plusieurs mois. selon le lieu de sommeil (chambre que pour dormir ou chambre avec des appareils avec des  lumières de veilles, tel portable…) : on a observé sur la deuxième catégorie des ados plus dépressifs, avec des problèmes de sommeil.
  7. 8. A la fin du 1er cycle de sommeil apparait le sommeil paradoxal. Le cerveau se met en activité (le musculaire est en inactivité). Ce sommeil est indispensable pour intégrer les nouvelles informations. Il faut dire aux enfants de réviser (pas découvrir) leur leçon avant de s’endormir : le cerveau trie les informations importantes pour les placer dans la mémoire à long terme.
  8. 9. La grasse matinée ? On croit qu’en se couchant plus tard, on se lève plus tard. C’est faux ! ex : l’enfant couché tard, ne se lève pas plus tard. ça veut alors dire que ses horloges biologiques marchent bien ! La grasse matinée sert surtout à faire plaisir. Parfois on a la tête dans le coton, en raison de la désynchronisation et non d’une soirée arrosée. Mieux vaut se réveiller donc, s’aérer et plutôt faire la sieste après le repas cela aura un effet identique à un sommeil de nuit. Sur un temps plus court 90mn suffit alorsMême un enfant plus grand, peut faire la sieste c’est normal !



Partie débat-remarques (questions du public- réponses de la Psychologue)


1- on lève le voile sur des éléments importants, c’est passionnant mais on a l’impression que l’on a gâché déjà beaucoup d’année et d’argent. Où est la solution ?
La solution est au niveau des territoires, si on attend d’en haut, on n’arrivera jamais à rien. Les projets que je monte  sont faits au niveau du territoire. Cela s’inscrit dans un projet de société.
Si on ne le fait pas maintenant au moment de sa construction de citoyen, ça ne servira à rien on sera toujours en retard.
Il faudrait organiser globalement pour donner du sens à cette réforme. Il faut du temps en partenariat au minimum sur un an. Il y a des tas de choses qui existent et sont bien
Il faut faire un état de toutes les  ressources pour voir comment les étendre à l’ensemble de tous les enfants et pas seulement à certains. Un travail de mutualisation est à faire.
On peut travailler autrement avec les ressources déjà disponibles. Bien souvent, si tout le monde comprend pourquoi on doit travailler ensemble : le mieux-être de nos enfants, ça marche !
Une synergie scolaire et hors scolaire est nécessaire. Il faut installer des parcours éducatifs à long terme, que les  enfants comprennent et que les enseignants puissent récupérer les acquis fait en dehors. Ex tu appliques dans un parcours l’astronomie, et ce qui est appris en géométrie à l’école alors prend du sens !
Etre sur ce travail de partenariat permet une qualité de vie aussi professionnelle.
On joue sur les préventions et non sur la réparation (on évite l’échec scolaire)

2- que pensez vous des journées scolaires différentes à la parisienne pour l’enfant début à 8:30 fin à  16:30 ?
Le global reste identique. Des temps courts, on n’a pas le temps de faire des choses correctement. On émiette.
Le décret propose un cadre rigide qui n’a jamais existé auparavant, pour elle c’est un problème.

Elle reparle des matinées plus utiles de 4h le matin, pause méridienne plus longue… cf + haut

3- comment faire passer une dérogation ? 
Pour la rentrée prochaine sans doute est-ce difficile et le temps compté. Mais pourquoi ne pas travailler pour l’année suivante ! Se donner un an pour construire tous ensemble.
 2 textes législatifs vous permettent de faire des projets expérimentaux et donc d’adapter le Décret actuel à vos spécificités locales. Art. L. 401-1 et l’Article LO1113-1 Code général des collectivités territoriales. De plus le droit constitutionnel autorise l’expérimentation pour les collectivités locales.

4- Comment rendez vous compte des expérimentations réalisées ? Il y a des évaluations intégrées dans nos expérimentations. 
Or, on n’observe pas de vraies évaluations sur la mise en place de la réforme par l’Etat : avant après différence !!???

5- Que pensez vous du mercredi matin comme demi journée supplémentaire ?
Ce n’est pas tellement sur la fatigue de l’enfant car en général il se lève à la même heure…
Mais personnellement je privilégie le samedi matin car c’est le long week-end qui dérègle l’enfant.
Les enseignants regrettent le samedi matin, climat plus calme, finalisation, rencontre des parents plus spontanée…

Des temps du genre : 1h30 pour les activités cela peut permettre de faire tourner les ressources sur différentes écoles (avec des horaires différents et partage d’animateurs qui ont un emploi du temps plus acceptable et donc qui se sentiront plus impliqués)…

6- problème du samedi matin évoqué par une maman: le cas des familles recomposées, grand parents loin….ils vont alors souvent en centre de Loisirs, ce n’est pas top non ?
Oui mais ce n’est pas du périscolaire, et une journée en centre de loisirs complète, c’est mieux.
Faire faire tous les week-end des kms aux enfants ce n’est pas bon et beaucoup de parents travaillent le samedi (commerçants, transport en commun, santé…). La moitié de la population travaille le samedi. Donc pour elle, c’est pareil d’occuper un samedi ou un mercredi matin. Clairement pour elle, un enfant en centre de loisirs est mieux occupé que sur un long week-end qui désynchronise la semaine. On prend en compte leurs besoins, repos organisé/ex. Les animateurs savent organiser des temps d’activité et repos, faîtes leur confiance.

7- une personne dans la salle fait remarquer que sur Paris avec l’école le mercredi matin :  les enfants sont extrêmement fatigués. Les enfants ne comprennent pas pourquoi certains voient leurs parents venir les chercher à 16:30 et pas les autres.
Pour Mme Leconte, le flot d’enfant est plus important le mercredi et ils sont effectivement plus fatigués. 

8-question sur la pause méridienne: le temps de repos n’est pas facile à organiser s’il n’est pas fait sur place après la cantine ? Un déplacement est-il sain ?
Selon la durée de trajet entre dortoir et cantine (si 10mn) cela sert à digérer, donc le pédibus n’énerve pas. 
Je conseille de travailler davantage avec eux sur les attentes qu’ils ont eux. Certains veulent shooter dans un ballon et d’autres pas. C’est compliqué car on n’a jamais pris cette pratique de s’auto-évaluer, à s’auto gérer. Il faut plus écouter les enfants et leur donner la parole.

Faire rentrer l’enfant en classe dès qu’il arrive le matin, c’est la voie vers  « l’autonomisation »
Autre exemple : écrire une pièce de théâtre, faire les décors, apprendre le texte et le jouer… cela véhicule  pleins d’acquis mais surtout c’est un travail abouti. Si on a fait arts plastiques, l’astronomie, on expose… il faut leur apprendre à faire un choix en connaissance de cause. En ce cas, l’enfant assume ses choix, ses difficultés. Il a choisi, il sait qu’il devra faire des efforts…
Je reviens sur la prévention : on médiatise les lycées expérimentaux pour raccrocher les décrocheurs. Eh bien que font ils ? Ils développent leur auto-détermination. Donc si on le fait dès l’élémentaire, on évite les échecs.

9-Est-il possible d’organiser différemment les temps en maternelle et en élémentaire ?
Je ne le fais pas. L’intérêt : cela permet en restant sur les mêmes horaires de laisser plus de latitude aux maternelles et d’arrêter de les bousculer et de leur dire « dépêche toi ». Il faut avoir du temps, on y va tranquille.
Pour les élémentaires, les 2h de l’après midi c’est une application plus ludique des maths/exemple etc…
6h peut être moins fatiguant que 5h mal organisées. Les temps de parcours sont plus courts sur les 6H /ex.

Elle préconise  les horaires suivants : matin 8:30 12:30 et 14:30- 16:30
+ un goûter de fruits de saison : collation sur place pause du matin avec échange sur l’actualité avec les plus grands et récréation normale au 2eme tiers de la matinée
Batailler aussi pour arriver avec un petit déjeuner pris ou petit déjeuner fourni pour le prendre avant de démarrer le travail de classe. Travail aussi à faire avec les parents sur le type de déjeuner utile pour assurer une matinée de travail

10- Mais si la cantine est plus tard,   comment faire ? 
En fait vous savez souvent les enfants le week-end avec leurs parents  mangent à 12:30 voire 13:00 donc cela ne les perturbe pas !

11-une enseignante intervient et parle des enfants fatigués et émergeant difficilement vers 9:30. 
On doit apprendre aux enfants à percevoir leurs rythmes biologiques. Apprendre à se connaître soi même.
Ex les enfants de maternelle s’expriment rarement sur leur fatigue, c’est nous qui leur disons. Par exemple on les voit affalés sur la table avec le pouce. Tant qu’il n’est pas conscient qu’il est fatigué, il ne s’en rend pas compte, on a beau lui dire. Si on leur apprend quels sont les signes de  la fatigue, alors ils comprendront que c’est le moment de se poser…
Elle parle aussi de former les animateurs à des principes de sophrologie pour leur apprendre à apprendre aux enfants les signes de fatigue…
Cela porte vraiment ses fruits.

12_Que pensez vous des veilleuses dans les chambres ?
plutôt se demander pourquoi il a besoin de lumière ? La peur du noir n’est pas génétiquement programmée.
Solution à quoi ? Quand ça doit se faire il faut le faire mais travaillez sur cette peur du noir
Eviter une lumière visible (ex éviter la lumière de couleur) en revanche la  toute petite veilleuse légère ok. Si on ne peut éviter une petite lumière se rapprocher de la lumière oranger mais légère (plus doux)
Pour les veilleuses baby phone de bébé les mettre assez loin de l’enfant et peu visibles.

Elle conseille aussi de revenir à des jeux à l’ancienne (ex les osselets) éviter les jeux vidéo tv…

13- intervention d’une maman exposant le cas de son enfant en grosse fatigue qui a 3 ans (burn out) : doit on le garder à la maison ou le mettre tout de même à l’école ?
Gardez le l’après midi au lieu de couper la semaine par des jours de non école. Ex : les après midi repos, sieste…
Dans chaque classe maternelle, organiser un espace repos/ et proposer aux enfants d‘y aller pour se reposer dès qu’ils le sentent; leur faire comprendre que ce n’est pas un coin trampoline. On se rend compte que les plus jeunes vont le matin 10mn puis dans l‘année ils y vont l’après midi… il y a donc maturation chez l’enfant (changements)

14-Quelles sont les répercussions du manque de sommeil que vous évoquiez tout à l’heure ? 
Etude britannique en 2013 de 10 000  enfants de 3 ans et demi à 10 ans : on constate de l’hyper-activité, et des comportements asociaux… cela se retrouve chez les enfants qui avaient une grande irrégularité sur leur rythme de sommeil.
Autres répercussions : diabète 2, états dépressifs, obésité.

A la puberté vers 10 ans : phénomène de retard de phase physiologique : toutes les horloges sont décalées de 1h à 1H 30 donc on ne devrait pas prendre un bus dès 7:30 car leur horloge est décalée, il faudrait un réveil plus tardif. Donc ouvrir l’école plus vers  9:00.

15-comment vous contacter, avoir des infos en plus : www.claireleconte.com 

16- sur le décret, pensez vous qu’on doive faire le temps d’activité périscolaire en pause méridienne ou en fin de journée ?
Pause méridienne : pas le moment du sport, ou d’activité à concentration = repos. Même la peinture sur soie demande une concentration importante. Il faut après le repas privilégier la détente !!
Il faut non pas travailler pas sur les temps mais sur les contenus
-les activités mises en place : privilégier des activités plus longues : pas 45 mn ! Faut les mettre en groupe ça prend du temps déjà et il faut un temps de détente de 10 mn, le temps d’installation du matériel et du rangement donc au mieux il reste  20mn à chaque enfant. Coût important pour très peu de gain pour l’enfant.
Le décret actuel peut se faire par un allongement des matinées, et proposer des temps plus long d’activités périscolaire quitte à avoir un petit temps d’enseignement avant très ludique : jeux mathématiques/ex faits pédagogiquement mais courts.
Ce serait mieux en fin  de journée et surtout pas après la pause méridienne.
Elle préconise plutôt 2x1h30.
Elle pointe les problèmes d’animateurs sur les mêmes temps dans plusieurs écoles. Cela va coincer ! Ou les groupes seront trop nombreux par animateurs.

17 travail des activités à l’école ou hors école  ? : pas gênant, elle le fait dans ses expérimentations. Un même lieu peut servir à des temps différents. On peut le faire à l’école, il suffit de l’expliquer aux enfants (enseignants et animateurs).

18- vous avez beaucoup d’expérience, vous avez été entendu au sénat : pourquoi n’a t’on pas pris vos avis avant ce  décret ?
« Je ne comprends pas non plus, d’autant que M Peillon lorsqu’il faisait la campagne est venu à Lille, et a visité l’école expérimentale dont je vous parle depuis tout à l’heure, j’ai passé une journée entière avec lui. Et il a vu des enfants épanouis…il a même dit c’est vers ça qu’on devrait aller. » Le décret ne va pas avec la 1ere intervention en 2012. Il avait dit revenir à la semaine de 5j et laisser les territoires choisir entre le samedi et le mercredi. Et le décret est un peu différent. J’ai participé aux ateliers de concertation en 2012. J’avais fait les propositions utiles, les enseignants avaient relayé ces propositions sur le site national.  La rigidité du cadre actuel du décret vient du décret de 2008.
La personne qui l’a rédigé est la même personne que celle qui a rédigé le décret de 2008. Copié-collé ??? »

Elle a demandé au sénat quelles étaient les ambitions au départ ? Sont-ce les activités ?
Elle avait vu un texte ancien qui disait : « l’important n’est pas de savoir quelle matière mettre à quel moment dans la journée mais quelle partition des matières on va faire en fonction de tous ceux qui participent à l’éducation de l’enfant ». Donc pas important de savoir si « maths / français » de telle à telle heure mais voir quelle matière correspond au meilleur de la disponibilité de l’enfant…
Est-ce se demander si les enseignants seront restreints aux matières fondamentales et les autres liés aux choix territoriaux ? Elle n’a pas eu de vraie réponse.

Il faut un vrai partenariat entre les personnes : enseignants, animateurs, associations…
Attention aux disparités public, privé car le privé peut rester à 4j. Et si le privé part su système éducatif dirigé par l’Education Nationale, ils pourront faire comme ils veulent. Sans compter les disparités entre communes sur l’enseignement public et des  parents qui vont scolariser là où c’est plus intéressant…

Info d’une intervenante : seule dérogation accordée dans l’Oise vers Beauvais pour une petite commune car il y avait un problème de transport-sinon rejet de toute dérogation même avec de vrais projets.
Elle rappelle qu’on peut arguer du droit à l’expérimentation et qu’il faut tenir bon.
Une autre personne intervient et dit il y a un nouveau DASEN on peut donc reprendre les discussions.

Pour terminer :
Jamais personne ne m’a dit que mes expérimentations étaient des aberrations ! Donc…c’est faisable !
La plupart des pays européens fonctionnent sur des matinées de 4h et de nombreuses communes françaises le font depuis longtemps.

23:20 Fin de la conférence
La soirée se termine par un petit buffet de pâtisseries et boissons organisé par COYE écoles, les discussions se poursuivent tard dans la nuit, tant c’est passionnant !





Sitographie utile pour les plus curieux 
des avis de médecins psychologues et autres ayant travaillé sur le rapport du Comité économique et social de  1980 :
extrait intéressant : 
« L'Académie Nationale de Médecine recommande :
une meilleure répartition des heures de travail et de détente dans la journée et un meilleur équilibre entre les jours de classe et de congé dans l'année;
une prise en compte de la maturité psychophysio­logique des enfants et non pas du seul critère de l'âge dans l'accès aux différentes classes ;
une plus grande souplesse dans l'âge d'entrée au cours préparatoire ; actuellement fixé à 6 ans, il devrait être modulé en fonction des capacités individuelles. »
Nous ne pouvons mieux faire que de nous associer à ces vœux et de les adopter comme conclusion de nos réflexions.
http://www.vie-publique.fr/chronologie/chronos-thematiques/rythmes-scolaires.html le site vie-public en présente une chronologie de l’avancement des questions sur les rythmes scolaires des années 70 à  nos jours. et l’accès aux divers rapports et décrets.
le dernier rapport de 2012 sur les rythmes scolaires en pdf gratuit
http://assoreveil.org/vermeil_rythmes_91.html la vision de GUY VERMEIL psychologue sur les rythmes de l’enfant
http://www.inrp.fr/primaire/dossier_doc/dossier_doc4.htm les rythmes infradien, ultradien, circadien…
http://documents.irevues.inist.fr/handle/2042/30484 pour en savoir plus sur Paul Fraisse
http://www.ac-dijon.fr/pid29234/experimentation-innovation.html des exemples d’expérimentations (enfants plus âgés)


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